La ville de Montataire (60) et ses 12 000 âmes, traditionnellement communiste a la particularité de disposer d'une gestion municipale du réseau électrique et HFC (Hybride coaxial/optique)…
Ces deux réseaux physiques permettent à la RCCEM de proposer un raccordement électrique, des abonnements TV, internet et téléphoniques aux habitants.
Nous avons, le 18 mai dernier, avec Pierrick, président de Rhizome rencontré Alexandre Dunnoyer directeur de la régie communale du câble et de l'électricité de Montataire, l'occasion de se présenter entre "voisins" nos projets respectifs et de visiter leurs installations.
Réseau et fournisseur d'électricité
La Régie Communale du Câble de Montataire a été créée en 1921 au sortir de la première guerre Mondiale. À l'époque, l'électricité n'est pas sous monopole d'état global mais gérée localement, au cas par cas,par des entreprises, privées ou publiques.
En 1946, EDF est créé et toutes les entreprises privées sont nationalisées. Les régies publiques peuvent conserver leur indépendance si elles le souhaitent. La RCCEM fait ce choix, ainsi que par exemple le SICAE dans l'Oise. Ces deux structures sont toujours actives en 2012. Le vivier le plus dense de régies municipale se trouve en Alsase-Loraine. Un bout de liste est disponible sur wikipedia. (note : toutes ne sont pas restées publiques). Une partie d'entre elles est regroupée au sein de l'ANROC (Association Nationale Régie Services Publics Organismes).
Actuellement, la RCCEM possède le réseau électrique de la ville, et opère dessus en revendant au tarif réglementé de l'électricité achetée en gros à EDF.
Puis vint le câble…
Montataire se trouve être dans une zone blanche de télévision Hertzienne : signal TV de mauvaise qualité. En 1994 la régie a pris les choses en main. Profitant des chemins de câbles électriques (aériens ou souterrains) la municipalité a construit son réseau :
- Dorsale en fibre optique
- Raccordements des foyers en câble coaxial, éventuellement en passant par plusieurs amplificateurs
Ce réseau fibre/coaxial (HFC) permet depuis lors de diffuser le signal reçu par des antennes satellite placée sur des pylônes appartenant à la RCCEM jusque chez les habitants.
La TNT n'a pas spécialement arrangé les choses niveau qualité de TV, surtout avant le passage au "tout-numérique" lorsque les émetteurs TNT diffusaient à puissance réduite.
… Et enfin, l'internet
La télé c'est pas marrant, on peut pas parler dedans
On peut utiliser un réseau câblé/fibre pour faire autre-chose que de la TV, de l'internet par exemple ! Aussi, après être passée à deux doigts du rachat par un opérateur privé, la régie fournit depuis 2012, de l'accès internet sur son réseau HFC avec des forfaits allant de 2Mbps/256kbps à 40M/1M pour des prix n'ayant rien à envier aux "trois gros".
Petite déception ? les débits sont largement asymétriques, plus même qu'en ADSL. Pourquoi ? C'est un choix de partage des fréquences :
- Une partie du spectre pour la TV (découpée en sous-bandes pour chaque bouqet de chaînes) ;
- Une partie pour l'accès à internet, voie descendante (download) ;
- Une partie (plus faible) pour l'accès à l'internet, voie montante (upload).
N'empêche que malheureusement, comme pour l'ADSL, cette répartition ne facilite pas l'auto-hébergement face à la minitelisation du net…
L'interconnexion RCCEM ↔ internet
Elle est effectuée par une autre régie Alsacienne Vialys. L'ensemble des abonnés se partage un lien de 60Mbps qui chemine en fibre optique à travers plusieurs réseaux d'initiative publique depuis Montataire jusqu'à… Colmar, en Alsace (surprenant !) où s'effectue le raccordement au reste du monde. Le réseau IP est infogéré à distance par Vialys, la RCCEM ne s'occupant que de la partie réseau de collecte local (entretien, réglages, évolution) et des rapports avec les abonnés (facturation/gestion/installations/support), le travail de proximité donc.
La suite ?
Actuellement, le signal passe parfois par plusieurs amplificateurs sur câble coaxial avant d'arriver jusque chez l'abonné. L'objectif à terme, pour pouvoir proposer des débits de 100Mbps, est de faire arriver la fibre optique plus près des prises coaxiales, présentes dans les logements, supprimant ainsi ces amplificateurs intermédiaires et de réaliser ainsi un réseau FTTLA (Fiber To The Last Amplifier).
Conclusion
Nous évoluons avec Rhizome dans les structures de FAI associatifs de la FFDN. Ce fut l'occasion de découvrir avec la RCCEM un autre modèle qui participe lui aussi à faire un bout d'internet local en-dehors de l'offre des 3 FAI principaux. Une bonne découverte qui gagnerait à se répandre… L'occasion de rappeler aussi que le très haut-débit rural est possible et souhaitable, bien que délaissé par les grands opérateurs et qu'on peut faire de belles choses localement avec un peu de volonté politique :-).
Merci en tout cas à Alexandre Dunnoyer pour la visite, et à bientôt !